Vendredi 12 avril: Grand départ pour Mandalay au Myanmar (ou en Birmanie… pour les nostalgiques !), première étape d’un périple de 15 jours où l’on espère voir également le Lac Inlé, Bagan, Rangoon et si possible, effectuer un trek de 3 jours. Sur le papier, tout ce combine bien, sauf que nous n’arrivons pas du tout à réserver nos hôtels. La Birmanie n’est pas le pays le plus simple pour voyager : des hôtels en nombre insuffisant et dont les prix augmentent de 80% par an (une chambre coutant 5$ il ya 4 ans en coute 30 aujourd’hui…), pas ou peu d’internet, des coupures d’électricité plusieurs fois par jour, un système de transport d’un autre temps (les routes sont en majorité à peine assez large pour un bus et le train ne peut pas dépasser 30km/h) et surtout, une double monnaie (dollars/kyats) qu’il faut prévoir avant son départ – en effet les bureaux de change n’acceptent que les dollars neufs et les ATM n’ont été instauré dans le pays que début 2013 dans le pays, demeurant en nombre très limité (une poignée serait réellement en fonction).
C’est donc dans l’incertitude que l’on part de la nouvelle base d’Air Asia à Bangkok, le vieil aéroport de Don Muang, qui retrouve une seconde jeunesse, lui qui était quasi-abandonné depuis quelques années. Le moins que l’on puisse dire c’est que les délais ont considérablement raccourci que ce soit le trajet jusqu’à l’aéroport même (150 bahts de taxi), l’attente au comptoir, la douane, la sécurité… Une fois de plus, l’avion est en grande partie composé de français (ce qui me voudra un « ils sont partout » pas démérité).
1H15 de vol et arrivée à l’aéroport international – mais vide – de Mandalay, au centre du Myanmar. Dès la descente de l’avion, on se sent catapulté dans une autre époque, le bus d’avant-guerre qui nous attend au pied de l’avion, l’affichage « manuel » des vols, les vendeurs ambulants… Le choc est total ! Nous échangeons 200$ contre 175 000 kyats (prononcez « tchatt » 1$=880 kyats) directement dans l’aéroport avant de récupérer nos bagages – apparemment tout l’avion à la même idée et personne ne sait vraiment combien échanger… A la sortie de l’aéroport nous sommes alpagués par des compagnies de taxi, argumentant à qui sera la meilleure (elles proposent globalement toute le même prix – 40000 kyats, 4€ par personnes), le tout ressemble à une mise en scène plutôt bien rodée, le tout dans la bonne humeur et sans aucun agressivité.
Nous voilà donc dans un taxi-brousse (surchargé et dont le compteur dépasse les 500 000 bornes – autant que le chauffeur) en direction de la ville – à 35km – sur ce qui s’apparente à l’autoroute locale, péages compris, mais sur laquelle on croise vélos, charrettes à bœufs, mobylette pour 4 personnes… N’ayant pas d’hôtel réservé, nous demandons à être déposés à l’une des guesthouses les mieux notées sur les guides. Bien sûr à notre arrivée, celle-ci est pleine et l’on nous conseille d’essayer en face, au Nylon Hotel. Coup de chance énorme, chaque catégorie de chambre est encore disponible : 20, 25 et 30$. Après un rapide coup d’œil de chacune, on opte pour la moins chère : confort rudimentaire, mais clim, douche et terrasse nous ont convaincu (la chambre est bâtie sur le toit de l’hôtel). Seuls inconvénients, le wifi est au rez-de-chaussée et il faut grimper 7 étages pour arriver à la chambre…
On se met en route dans la ville pour chercher un restaurant, pas forcément le plus simple puisqu’il n’y a que très peu de « restaurants » et on n’est pas encore sûr de supporter la cuisine de la rue (ce serait bête de se gâcher le trip si tôt). Une bonne sieste et on finit la journée en allant faire un tour à la gare pas loin afin de tâter l’ambiance et voir si nos infos sont correctes pour la suite du voyage. La ville est un grand bordel plus ou moins organiser (pas ou peu de « magasin » tels qu’on les connait, les rues grouillent de mobylettes souvent artisanales (reconnaissables à leur scotch jaune et aux morceaux de cartons attachés en guise de carrosserie). Pas de signalisation ni de priorité, tout se fait au klaxon. Autant dire qu’en tant que piéton, traverser une simple rue relève de la mission commando. Pour ne pas aider, il n’y a quasiment pas d’éclairage dans la rue la nuit, et la plupart des motos n’ont pas de lumière non plus…
Peu avant notre arrivée dans le pays, des événements ont eu lieu dans le centre entre musulmans et bouddhistes et le pays a été placé sur la liste des endroits à éviter. Le moins que je puisse en dire après quelques heures passé en ville, c’est que je n’ai jamais vu une population si calme et accueillante. Les jeunes et moins jeunes ne cessent de nous saluer dans la rue – sûrement le signe que le Myanmar n’est pas encore trop rongé par le tourisme de masse – et bien que l’anglais ne soit généralement pas leur point fort, ils sont toujours prêt à nous aider à la moindre question.
Autre impression, le pouvoir actuel en place (la junte…) ne semble pas être dans le cœur des birmans, à en croire les portraits d’Aung Sang Su Kyu et de son père (qui a libéré la Birmanie des décennies auparavant) apposés dans tous magasins, restaurants, hôtels ou maisons. Un vent de changement est assurément en place dans le pays, qui en a bien besoin…
Samedi 13 avril : Grande visite de Mandalay et petit détail : premier jour du festival de l’eau… Ayant vécu ce même festival célébrant le nouvel an en Thaïlande, à Phuket (Songkran tel qu’il s’appelle), trois ans plus tôt, je pensais savoir à quoi m’attendre : une journée de bataille d’eau géante dans les rues et puis on en parle plus, la réalité va vite nous rattraper…
Premier accro, et de taille pour nous simples touristes : tout est fermé pendant le festival, y compris certains temples ainsi que le palais (la principale attraction de Mandalay). Tant pis, on se baladera… Mais on se rend vite compte qu’être piéton pendant le festival n’est pas vraiment simple et fait de nous des cibles privilégiées car faciles (en plus d’être touristes…). Les jets, seaux, bouteilles et autres bassines d’eau s’enchainent si bien qu’après 15 minutes on est entièrement trempés, mais vu la chaleur (39°) on se dit que ça ne sera pas si mal. Le tout se fait dans une ambiance de fête, mélange de musique, de chant, de motos et jeeps surchargées de jeunes (jusqu’à 15 par jeep) et de déguisements (le punk est semble-t-il à la mode cette année en Birmanie).
La plupart des attractions de Mandalay (et plus généralement de Birmanie) sont des temples ou pagodes bouddhistes, et dans la ville, la plupart sont regroupées sur une colline au nord-est du centre. On le tentera à pieds, faute de pouvoir louer une moto. Trois heures de marche en plein soleil et 6 bouteilles d’eau plus tard, on renoncera à grimper le « Mandalay Hill », ayant pu tout de même voir quelques monuments, dont le plus grand monastère fait de bois, ainsi que le plus grand livre du monde, fait de plus de 700 pages de marbre, chacune enfermée dans son stupas blanc – impressionnant !
Pour le retour, nous essayerons de prendre un taxi, ou plutôt une moto-taxi, mais comme toujours c’est quand on en veut une qu’il n’y en a plus… Finalement, on sera aidé par un homme qui, maîtrisant les transports locaux, nous fera monter dans un taxi collectif (sorte de pickup) qui nous amènera à destination, c’est-à-dire à l’hôtel – encore trempé cela va s’en dire. Autant dire que la soirée sera calme, un tour au grand marché (Zeygo) forcément fermé et gros repars dans le même rade que la veille (on change pas une équipe qui gagne). Pour finir The Hobbit part. 1…
Dimanche 14 avril : Première surprise, le festival de l’eau continue, et semble même avoir pris de l’ampleur. Suite à la déconvenue de la veille, on nous confirme que tous les monuments seront fermés pendant plusieurs jours (au moins 4 apparemment). Ayant visité une grande partie de la ville la veille, on se décide à organiser la suite du trip puisque rien n’est confirmé jusque-là. Direction l’agence qui vend les tickets de bus (83 & 32 st.) fermée de 11h à 15h30 pour cause de… sieste ! Il n’est que 13h alors on se doit de patienter… sous l’eau, festival oblige ! On se décide de marcher un peu, manger un morceau et retentons notre chance à l’agence, cette fois c’est ouvert !
Le plan d’origine devait nous mener vers Kalaw et le Lac Inle, mais bien sûr, aucun bus ne circule sur cette ligne avant 3 jours. Seuls choix restant, prendre un bus jusque Bagan et modifier le planning ou se risquer à prendre un train vers le lac (cela prend 2 jours, en comptant un stop pour la nuit au milieu de nul-part)… Après mûre réflexion, on opte pour Bagan ! Le lac attendra… On espère que d’ici là, la vie normal aura repris son cours et qu’il sera plus simple de voyager. Le bus viendra nous chercher demain matin à 7h.
Soirée bières à 600 kyats (0.5€) et football anglais… ça fait du bien diront certains ! Jenny est se sent mal, le ventre… ça sent pas bon (sans mauvais esprit). Retour à l’hôtel – The Hobbit Part 2
Pour revenir en arrière – Etape 11: POIPET – BANGKOK
Pour lire la suite – Etape 13: BAGAN