Samedi 20 Avril : Deuxième jour de trek et descente (en principe…) vers le lac Inle. Levé 7h et petit déjeuner rapide, 5 heures de marche nous attendent aujourd’hui. La brume recouvre encore les champs et il ne fait pas trop chaud, les conditions sont parfaites. Pour éviter le souci de la veille, nous avons gavé notre sac de bouteilles d’eau (un peu trop semble-t-il). Quittant le village à peine éveillé, nous croisons les chars à bœufs allant travailler dans les champs. Les cultures évoluent au fil des kilomètres, patates douces, cactus… L’altitude semble se faire ressentir, certains paysages sont lunaires (ou martiens vu la couleur…).
Rapidement nous rejoignons un chemin longeant la route qui mène au Lac, malheureusement le parcours n’est pas aussi intéressant que la veille, ça sent la fin est l’on croise de plus en plus de groupes de randonneurs empruntant ce qui est apparemment l’unique chemin, mais également des motos et des voitures ce qui rompt fatalement le charme.
Nous faisons une pause dans une échoppe, ce qui nous permet de retrouver des visages connus, les françaises du bus notamment… Je teste les feuilles de bétel, la drogue locale, que la plupart des birmans mâchent à longueur de journée (y compris dans le bus…). Les effets sont apparemment légers, mais rendent la bouche et les dents rouges (et pourries), et obligent les consommateurs à cracher des quantités impressionnantes de liquide rouge.
Dernière partie du trek, redescente progressive vers le lac. Il est 11h quand nous apercevons enfin, au loin, les premières maisons bordant le lac. Léger soulagement de mon côté, commençant à être légèrement malade, il est temps de retrouver la civilisation au plus vite. Nous faisons une dernière pause afin de déjeuner parmi les autres randonneurs et obtenir notre « passeport » pour le lac (de même qu’à Bagan) qui nous coûtera 5$ chacun, celui-ci étant là encore indispensable pour réserver un hôtel.
Nous sommes enfin au bord de l’un des bras du lac, notre bateau (ou plutôt notre pirogue motorisée) nous attend afin de traverser le lac jusqu’à Nyaung-Shwe au nord de celui-ci. La traversée durera 30 minutes (en plein soleil bien sûr !) est demeurera comme l’un des points forts de cette aventure. Le trajet, dans un premier temps en remontant le bras du lac, puis au sein du lac lui-même, est hors-normes. Les habitats surélevés, le mode de vie, le commerce en bateau, tout est relié en permanence au lac. On observe le mode de pêche unique au monde, le bateau étant manipulé avec une jambe (des initiations sont possibles paraît-il) pendant que l’homme manipule ses filets.
Le bateaux peut accélérer au fur et à mesure que le lac s’élargie (au point de ne plus en voir les bords). Les embarcations défilent, marchands, touristes, transport de personnes, pêcheurs, marchandises. Ce lac, qui mesure 16 km du nord au sud, est une véritable ville en soi. Nous longeons les impressionnants jardins flottant, la réserve naturelle, reconnue pour ses oiseaux migrateurs, les temples et les premiers hôtels sur pilotis apparaissent, signe que la ville est proche.
Nous logerons à Nyaung-Shwe, la principale ville bordant le lac, dans une guesthouse réservée depuis Kalaw (cela nous change de l’improvisation des précédentes étapes), l’Aquarius Inn. Une fois le bateau accosté, nous avons quitté les deux autres randonneurs et nous avons rejoint l’hôtel (et mon sac, en principe…) en traversant une partie de la ville, toujours guidés par Pou-Pou et Kou-Kou.
Il est 15h, temps de dire adieu à Kou-Kou, en la remerciant pour l’organisation de ces deux jours de trekking, ces 11h de marche et pour toutes ses précieuses attentions. Si vous avez l’occasion d’effectuer un tel trek depuis Kalaw, demandez à être dans son groupe, c’est une excellente guide ! Le repos nous attend désormais au sein de ce mini havre de paix qu’est l’Aquarius Inn où nous resterons deux nuits. Difficile de décrire l’état de fatigue dans lequel nous sommes, les muscles endoloris et les jambes en compote… La sieste nous attend, plus que méritée !
L’Aquarius est un minuscule hôtel d’une dizaine de chambre (25$ la nuit), rien d’hyper luxueux mais ce qui le rend unique réside dans sa décoration faite de centaines d’antiquités d’horizons différents (de la machine à coudre Singer au statuettes de Bouddha en passant par des cartes de l’empire britannique…) ainsi que son patio soigneusement entretenu qui mélange bonzaïs, arbres fruitiers et pléthore de fleurs. L’ambiance globale est apaisante, zen… à tout cela s’ajoute le chant quasi-continue (et pas toujours très juste) des filles s’occupant de l’endroit. Seul point négatif lors de notre arrivée, on nous annonce que le Wifi ne fonctionne pas (les coupures sont courantes et la totalité du pays est touché… étonnant sachant qu’une connexion internet coûte plus d’un mois de salaire moyen dans ce pays, et que l’installation elle-même est facturée 800€ – une fortune !) mais après plus d’une semaine en Birmanie, nous commençons à être habitués.
La sieste fut longue et le réveil difficile… Incapacité de faire le moindre pas, le diner se fera dans le restaurant jouxtant l’hôtel, pas un pas de plus ! Une longue nuit réparatrice nous attend, en espérant que l’on puisse récupérer rapidement.
Dimanche 21 avril : Le réveil est encore douloureux, l’intensité de l’effort des deux précédents jours se fait ressentir, la journée s’annonce calme. Le petit déjeuner de l’hôtel est une surprise, changeant chaque jours (indien aujourd’hui), agrémenté de fruits, café et biscuits, le tout servi avec le sourire, et en chanson… La priorité va être d’organiser le trajet jusqu’à Rangoon, que ce soit en train (30 heures réparties sur 2 jours) ou en bus (en 14h de route). Etant large en terme de planning – n’ayant pas eu à faire face à un quelconque souci d’organisation – les deux solutions sont encore envisageables. De mon côté je préfère le train, malgré l’inconfort, la durée, et le prix plus élevé… Malheureusement, internet est toujours coupé, pour une durée encore inconnue. Souhaitant partir demain lundi, nous n’avons pas d’autre choix que d’opter pour le bus. Le gérant de l’hôtel, qui parle un anglais parfait, nous organise cela sans aucun problème (bien que le bus VIP soit complet – le trajet se fera donc dans un bus classique). Le billet est donc confirmé, départ demain 17h, 15 000 kyats chacun (13€).
On se décide finalement à prendre sur nous et d’aller visiter la ville, profitant de sa modeste superficie, l’effort sera raisonnable. Nyaung-Shwe demeure une petite ville qui vit désormais majoritairement du tourisme, nombre de guesthouses, de restaurant et de magasins de souvenirs ou d’agence de voyages peuples les rues. Peu d’authenticité au final, seul le marché vaut le coup d’œil.
La principale attraction touristique repose sur le fleuve, et les croisières organisées (un piège à touriste semble-t-il, les passagers étant « forcés » à visiter nombres de magasins de souvenirs durant le trajet) mais du fait de notre trajet en bateau de la veille, il nous paraît inutile de retenter l’expérience.
Au final, une bonne journée de détente, de lessive, des parties de cartes, peu de bière (les prix augmentant de façon exponentielle au fur et à mesure que l’on s’éloigne des grandes villes, jusqu’à doubler ici !) et beaucoup de repos. On se dit qu’un massage ne serait pas un luxe, mais ce n’est pas dans la culture birmane (un point pour la Thaïlande !). Petit souci, on arrive à court de Kyats, il va nous falloir changer nos dollars dès que possible, mais dû aux festivités du nouvel an (depuis une semaine, incluant le festival de l’eau), le pays restera paralysé jusqu’à demain !
Retour dans le centre-ville à la tombée de la nuit pour dîner après une très longue hésitation, dans un boui-boui local vide en plein préparatif pour un mariage semble-t-il. Des frites pour seul repas, excellentes de surcroît ! J’ai l’impression de rêver… Jenny engagera alors une nouvelle bataille contre ses amis les moustiques, bataille durera une bonne partie de la nuit (et qu’elle perdra…).
Lundi 22 avril : Journée calme, de nouveau, qui sera ponctuée par notre départ de nuit pour Rangoon, dernière étape du voyage. Oh surprise ! Internet est toujours en panne… (sarcasme !). Nous passerons donc la matinée à feuilleter les routards et autres Lonely Planet, récents si possible (histoire d’avoir des prix proches de la réalité), prenant en photo les cartes des différents quartiers et établissant une (longue) shortlist des hôtels au bon rapport qualité/prix de la capitale. Petit tour en ville afin de déjeuner – une soupe de nouilles aux légumes, je ne me reconnais plus – puis direction la banque pour changer nos dollars. Là encore, expérience d’une autre époque (puisque internet est également coupé pour les entreprises, et donc pour les banques) d’observer une banque sans le moindre ordinateur, où tout est fait à la main via carnets, livrets, bordereaux, tampons, téléphone… Les masses d’argent manipulées sont invraisemblables, se comptant par briques ou par kilos. Le bureau de change ici semble être moins regardant quant à la qualité de nos dollars, ceux-ci étant pliés et marqué pour l’un des billets, cela ne posera aucun problème.
Retour à l’hôtel pour refaire nos sacs, trier nos affaires, et se préparer pour le long voyage (acheter eau, chips, récupérer des mouchoirs…). Demain nous serons à Rangoon, terme de ce long et beau voyage !
Pour revenir en arrière – Etape 14: KALAW – TREK – LAC INLE 1/2
Pour lire la suite – Etape 16: RANGOON – Fin du Voyage
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